Plus-que-parfait vs Imparfait
A quelques mètres de distance, seulement séparés par un mur de parpaings, deux mondes diamétralement opposés se côtoient :
- l'un est tiré au cordeau, tout est rectiligne, sans bavure, net...
- l'autre vit en (quasi) anarchie : rien de droit, aucune géométrie...
J'imagine que dans ces deux mondes les occupants vivent heureux : chacun y trouve ses repères. Monsieur et Madame Plus-que-parfait savent que pas un ennemi n'osera s'aventurer dans les allées ou sur les pelouses où pas un brin d'herbe ne peut l'abriter. Madame Imparfait se dit que quelques coins peuvent abriter princes charmants crapauds et que la nature réserve parfois de belles surprises.
Seulement, parfois, quand elle se penche à la fenêtre du donjon premier étage, Mme Imparfait se dit (mais vraiment tout bas) que cet autre monde aseptisé est vraiment joli et qu'il doit être agréable d'y lire un roman à l'ombre du platane pourpre...
Et si Monsieur Plus-que-parfait de la fenêtre de la chambre du 1er étage, regarde vers la droite, il doit frôler l'infarctus à l'idée de tous les monstres tapis dans cette jungle mitoyenne... monstres qui ne demandent qu'à franchir la barrière pour transformer son parc en jachère.
Heureusement les murs sont hauts et la chambre d'en haut n'est guère utilisée... Madame Imparfait se dit que son jardin ne sera jamais jamais comme celui du voisin. Elle aura bon faire, les jardins ressemblent toujours un peu à ceux qui les font... et Madame Imparfait est bien trop fantaisiste pour se contenter d'un carré de pelouse coupée au milimètre près et de quelques plates-bandes fleuries où pas un chiendent pied de marjolaine n'aura l'idée de s'installer spontanément.