Voilà qui énerve
D'après Robert, c'est une préposition qui peut avoir pas mal de signification : voilà peut désigner une personne ou une chose, ce peut être une locution adverbiale, ce peut être un exclamatif pour mettre en relief, une interjection, cela peut désigner les choses dont il vient d'être question dans le discours, ça peut présenter un nom, un pronom, ce peut aussi indiquer une durée et enfin voilà peut présenter ou souligner un argument, une objection.
Robert ne dit pas que voilà peut remplacer la ponctuation dans une phrase (remplace le point ou les points de suspension), ni le "et cetera".
Pourtant depuis quelques temps, j'ai l'impression que voilà est le mot le plus employé dans la langue française, si on excepte les articles et les pronoms. Mettre voilà en fin de phrase, au milieu, voire au début, deux, trois ou quatre fois dans la même phrase ne semble pas gêner les locuteurs.
Mais moi ça m'énerve, mais ça m'énerve... cela en devient insupportable !
Le pire a été ce matin : j'écoutais une radio régionale en allant au travail et les auditeurs peuvent intervenir en direct sur des sujets d'actualité. Aujourd'hui le sujet en question était la grève annoncée dans le service public. Un enseignant intervient pour expliquer pourquoi il va manifester... et j'ai halluciné ! Non pas sur les raisons de son mécontentement mais sur le fait qu'en l'espace d'une minute voire un peu plus, il a dû prononcer au moins 30 fois le mot voilà. Toute la ponctuation de ses phrases était remplacée par ce mot. Incroyable ! J'espère qu'il ne s'exprime pas ainsi quand il fait cours car son discours en devenait incompréhensible. Trop de voilà tue le voilà !
Ecoutant certaines personnes qui abusent de cette proposition, je me dis que ce tic de langage vient d'une envie de parler vite, à demi-mots, en abrégeant le temps de parole et en se disant que l'interlocuteur va comprendre ce langage tronqué.
Mais ce que ça peut m'énerver...